Search GPT va-t-il modifier nos manières de rechercher l'information ?
En 2025, l'émergence de Search GPT, développé par OpenAI, bouleverse en profondeur nos manières de rechercher l'information en ligne.
En remplaçant les traditionnelles listes de liens par des réponses directes et personnalisées, cette technologie soulève des enjeux majeurs : impact sur les moteurs de recherche classiques, risques de dépendance cognitive, mais aussi une empreinte écologique croissante.
Si Search GPT promet une expérience plus intuitive et efficace, il pose également la question de la fiabilité des informations et de l'avenir de la recherche en ligne. Explications.
Une expérience utilisateur transformée
Avec
Search GPT, l'utilisateur interagit directement avec un LLM capable de comprendre des requêtes complexes et de fournir des réponses de plus en plus précises.
Cette interaction fluide et conversationnelle simplifie notre accès à l'information, rendant la recherche conversationelle.
Impact de l'IA conversationnelle sur les moteurs de recherche traditionnels
L'intégration de l'IA dans les moteurs de recherche traditionnels, comme Google, a conduit à des évolutions majeures.
Par exemple, Google a introduit des réponses générées par l'IA en tête de ses résultats, modifiant ainsi la présentation classique des liens bleus.
Son modèle d'IA, Gemini, cherche à rivaliser avec les technologies d'OpenAI, mais peine à s'imposer face à la précision et l'efficacité de Search GPT.
Le moteur de recherche Google en difficulté ?
Cette situation met Google en difficulté, car OpenAI est en train de révolutionner l'accès à l'information et pourrait bien détrôner le moteur de recherche historique en imposant une nouvelle norme de recherche basée sur l'IA conversationnelle.
Omniprésence des réseaux sociaux : vers une recherche d’information instantanée
Les réseaux sociaux comme TikTok et Instagram ne sont plus de simples plateformes de divertissement : ils sont devenus de véritables moteurs de recherche pour la génération Z. Grâce à leurs algorithmes de recommandation ultra-performants, ces applications permettent d’accéder à des réponses rapides sous forme de vidéos courtes, supplantant peu à peu les recherches textuelles classiques sur Google.
Cette évolution bouleverse le paysage du web et pousse les moteurs de recherche à s’adapter en intégrant davantage de contenus multimédias. Mais avec l’essor de
SearchGPT, un autre modèle émerge : celui d’une
recherche conversationnelle, où l’IA générative synthétise et reformule directement les informations, sans passer par une liste de liens.
Si les jeunes ont déjà commencé à délaisser Google au profit des réseaux sociaux,
SearchGPT pourrait aller encore plus loin, en offrant des réponses instantanées et personnalisées sans même nécessiter de navigation externe. L’enjeu ? Une transformation radicale de la manière dont nous accédons à l’information… et un risque accru de dépendance à des sources algorithmiques qui filtrent et reformulent la réalité selon leurs propres biais.
La pollution numérique engendrée par l’IA
L’essor de l’intelligence artificielle s’accompagne également d’une empreinte écologique croissante. L’entraînement des modèles IA, notamment ceux basés sur des architectures de type GPT, repose sur des centres de données fonctionnant en continu. Ces infrastructures consomment d’importantes quantités d’électricité et d’eau pour le refroidissement des serveurs, contribuant aux émissions de CO₂ et à l’épuisement des ressources naturelles.
Chaque requête sur ChatGPT génère environ 1,54 gramme de CO₂, soit sept fois plus qu’une recherche sur Google (0,2 g). Ce calcul inclut l’énergie nécessaire à l’entraînement du modèle, la consommation électrique par requête et l’impact de la fabrication des serveurs.
L’entraînement des modèles d’IA est particulièrement énergivore.
Par exemple, GPT-3, sur lequel repose ChatGPT, a nécessité l’équivalent de 502 tonnes de CO₂ et 1 300 mégawattheures d’énergie (source
Artificial Intelligence Index Report 2023 de l'Université de Stanford), soit la consommation annuelle de 320 foyers français.
Ces chiffres soulignent la nécessité d’explorer des solutions plus durables pour le développement et l’utilisation des technologies d’IA.
Le risque d’addiction à l’intelligence artificielle
L’IA générative, en rendant l’information accessible instantanément et en personnalisant les interactions, peut provoquer une dépendance cognitive chez les utilisateurs.
Avec des assistants conversationnels toujours plus performants, certains individus peuvent préférer interagir avec une IA plutôt qu’avec des humains, entraînant un isolement social progressif.
Hyperconnectivité et dérives
De plus, l’optimisation algorithmique des contenus peut renforcer des comportements compulsifs, notamment sur certains réseaux sociaux et plateformes de streaming, où l’IA capte l’attention en proposant du contenu toujours plus engageant.
Cette hyperconnectivité pose des défis en matière de santé mentale et nécessite une régulation pour éviter certaines dérives.
Fragmentation du lien social dans une société déjà ultra-individualiste
L’IA générative, en offrant un accès instantané et personnalisé à l’information, peut renforcer une dépendance cognitive et un isolement social déjà préoccupants dans nos sociétés modernes.
À mesure que les individus interagissent davantage avec des intelligences artificielles, le besoin d’échanger avec d’autres humains pourrait diminuer, exacerbant un phénomène d’isolement.
Dans les sociétés modernes, l’hyperconnexion coexiste déjà avec une montée de l’individualisme et de la violence sociale. Cette tendance pourrait aggraver la fragmentation du lien social.
Certains utilisateurs, captivés par des algorithmes toujours plus performants et immersifs, risquent de privilégier des relations virtuelles, s’éloignant ainsi des interactions réelles.
Cette dépendance accrue à l’IA, combinée à des bulles informationnelles ultra-ciblées, pourrait également accentuer les divisions idéologiques et la méfiance envers les autres, renforçant un climat d’anxiété et de défiance dans une société déjà marquée par des tensions.
Les défis de l'IA générative
Malgré ses avancées spectaculaires, l'IA générative soulève des défis majeurs, notamment en ce qui concerne la fiabilité de l'information. L’un des problèmes les plus préoccupants réside dans le phénomène des "hallucinations" de l’IA, où ces modèles produisent des données incorrectes, biaisées ou totalement fictives.
En effet, contrairement à un moteur de recherche classique, une IA générative peut formuler des réponses plausibles mais erronées, sans indiquer clairement d’où provient l’information.
Cela pose un problème d’éthique et de responsabilité : qui est responsable en cas de désinformation ? L’utilisateur, l’entreprise qui a développé l’IA, ou la source initiale des données ?
De plus, l'IA est influencée par les biais présents dans les données avec lesquelles elle a été entraînée. Si ces données reflètent des stéréotypes ou des erreurs courantes, le modèle les reproduira, amplifiant potentiellement les préjugés.
L'IA, un monde où le vrai et le faux se confondent
Au-delà du problème de la fiabilité des informations, l'IA générative ouvre la porte à une ère où il devient de plus en plus difficile de distinguer le réel de l'illusion.
En générant du texte, des images, des vidéos et des voix synthétiques toujours plus convaincantes, elle nous projette dans un monde où la manipulation de l'information atteint un niveau sans précédent, brouillant les repères entre vérité et mensonge, rendant la désinformation plus subtile et difficile à déceler.
Deepfakes : vers une manipulation numérique à grande échelle
Les deepfakes illustrent parfaitement cette dérive : ces vidéos ultra-réalistes permettent d'imiter à la perfection le visage et la voix d'une personne, brouillant la frontière entre le vrai et le faux.
Désormais, il est possible de faire dire n'importe quoi à n'importe qui, avec un réalisme troublant. Ces contenus sont déjà utilisés pour propager de fausses informations, escroquer des entreprises ou manipuler l'opinion publique.
En 2023 et 2024, des entreprises ont déjà été victimes de fraudes où des deepfakes de dirigeants ont été utilisés pour détourner des millions d’euros.
Quand l'IA réécrit la réalité : entre illusion et manipulation
Par ailleurs, l’IA générative facilite la création de campagnes de phishing plus crédibles augmentées par l'automatisation.
Grâce à sa capacité à produire du texte fluide et adapté à son interlocuteur, elle permet de concevoir des emails frauduleux extrêmement convaincants, ciblant aussi bien les particuliers que les entreprises.
Nous entrons ainsi dans une ère où l'IA ne se contente plus de nous aider à mieux comprendre le monde : elle le façonne, le transforme et parfois, le falsifie totalement.
Comment distinguer la réalité de la fiction quand tout devient malléable ? Sommes-nous prêts à évoluer dans un univers où le vrai n'est plus une certitude, mais une simple possibilité parmi d'autres ?
Réguler et contrôler l'IA : mission impossible ou impensable ?
Face à ces dangers, il devient essentiel de renforcer la régulation de l’IA et d’encadrer son usage afin d’éviter qu’elle ne devienne un outil au service de la désinformation et des cyberattaques. Même si l'IA Act a été promulguée au Journal Officiel en juillet 2024, elle ne freine en rien certaines dérives actuelles.
Les entreprises et les utilisateurs doivent également se sensibiliser aux risques liés à ces nouvelles formes de manipulation, en adoptant des pratiques de cybersécurité renforcées et en vérifiant systématiquement la fiabilité des informations qu’ils reçoivent.
L’essor de l’IA générative ouvre donc des perspectives fascinantes, mais il impose aussi une vigilance accrue pour éviter la propagation de fausses informations et garantir une utilisation responsable de ces technologies.
Si l'encadrement de l'intelligence artificielle semble nécessaire pour limiter ses dérives, sa mise en œuvre soulève de nombreux défis.
Comment fixer des règles efficaces pour une technologie qui évolue plus vite que les cadres législatifs ? Les entreprises et gouvernements peuvent-ils réellement imposer des limites à des systèmes qui, à terme, pourraient s’auto-améliorer sans intervention humaine ?
Enfin, face à une compétition mondiale acharnée, la volonté de réguler l’IA ne risque-t-elle pas d’être éclipsée par des enjeux économiques et stratégiques ?
Réguler l’IA est sans doute possible, mais le véritable enjeu sera de savoir si nous en aurons la volonté et les moyens avant qu’elle ne nous échappe totalement.
Vers une nouvelle ère de la recherche d'information : opportunité ou menace ?
L'essor de Search GPT et des technologies d'IA générative transforme radicalement notre accès à l'information, rendant la recherche plus fluide et interactive.
Pourtant, cette évolution soulève de nombreuses questions : l'IA peut-elle réellement garantir la fiabilité des informations qu'elle génère ? L'hégémonie des modèles conversationnels risque-t-elle de marginaliser les moteurs de recherche classiques ? L'empreinte écologique croissante de ces technologies est-elle soutenable à long terme ?
Enfin, si ces outils optimisent notre accès à la connaissance, renforcent-ils notre esprit critique ou, au contraire, nous rendent-ils trop dépendants d'une intelligence artificielle dont nous ne maîtrisons ni les biais ni les limites ? L’avenir de la recherche d’information dépendra de notre capacité à encadrer et utiliser ces outils avec discernement.
Vers l’intelligence artificielle générale : une révolution inéluctable à venir ?
Si Search GPT et les modèles conversationnels actuels marquent une avancée majeure, ils restent des
intelligences artificielles spécialisées, conçues pour traiter des tâches précises comme la recherche d’informations ou la génération de texte.
L’étape suivante,
l’Intelligence artificielle générale (IAG), vise à créer des machines capables de
raisonner, apprendre et s’adapter comme un humain, sur n’importe quel sujet.
Une IAG pourrait non seulement
comprendre et générer des informations, mais aussi prendre des décisions complexes, analyser des émotions et développer une conscience plus poussée de son environnement.
Quels risques ?
Un tel niveau d’autonomie soulève des questions éthiques et sécuritaires : une machine capable d’apprendre par elle-même pourrait-elle un jour
dépasser l’intelligence humaine et échapper à notre contrôle ?
Opportunité ou menace pour l'humanité ?
L’IAG pourrait révolutionner des domaines comme la recherche scientifique, la médecine ou la gestion des ressources mondiales… mais elle pourrait aussi
modifier profondément notre rapport au travail,
à la connaissance et même à la société.
L’essor de l’IA conversationnelle n’est que le début d’une transformation plus vaste. L’avenir de la recherche d’information – et plus largement de l’humanité – dépendra de notre capacité à encadrer ces technologies et à en faire un outil au service du progrès, sans perdre de vue les enjeux éthiques et sociétaux qu’elles impliquent.
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